Approvisionnement des entreprises de la filière bois
Les entreprises de sciage rencontrent depuis quelques mois des difficultés d'approvisionnement. Ce constat conduit certains de nos partenaires de la filière à développer des argumentations hasardeuses auxquelles il nous faut répondre.
La Fédération nationale des Communes forestières réaffirme tout d'abord la pertinence du modèle de gestion durable et multifonctionnelle de la forêt publique française mis en œuvre dans le cadre du régime forestier par l'Office national des forêts.
C'est cette gestion qui assure régularité et continuité dans l'approvisionnement de la filière. Elle ne saurait en aucune manière y renoncer.
La forte progression de la construction bois soutenue à juste raison par l'ensemble des partenaires de la filière explique pour une bonne part l'augmentation de la demande de sciages.
Le développement incontrôlé de la demande de bois énergie à travers la réalisation de projets surdimensionnés, sans approche réaliste de l'état de la ressource, détourne une part significative de celle-ci au détriment des autres transformateurs de la filière ( lire l'article "Bois énergie : priorité aux filières courtes").
La valorisation croissante de leurs propres connexes par les industries de la première transformation réoriente également une partie du marché.
Enfin les conditions climatiques rendent difficile depuis plusieurs mois la vidange* des bois (*opération d'acheminement d'une coupe de bois jusqu'à une place de dépôt).
Certains de nos acheteurs préfèrent invoquer d'autres causes : l'insuffisance de la mobilisation des bois et les exportations de grumes qui entraîneraient une augmentation des prix insoutenables.
Lors des ventes d'automne 2012 organisées par l'ONF pour les forêts publiques, le taux d'invendus atteignait 37%. Il est redescendu à 12% en 2013.
Si la situation de l'approvisionnement des entreprises de sciage apparaît tendue aujourd'hui, il n'en allait pas de même il y a un an.
Conséquence de ce besoin accru de bois, les prix atteindraient des niveaux insupportables. Il suffit de regarder les chiffres pour réfuter l'argumentation d'une hausse des prix des bois qui mettrait en péril les entreprises de sciage.
En 2013, la forêt publique française a commercialisé la même quantité de bois qu'en 1999 pour une baisse de recette de 29 millions d'euros, encore s'agit-il d'euros courants ne prenant donc pas en compte l'inflation des prix au cours de la période considérée.
Sur 14 ans, de 1999 à 2013, les revenus de la commercialisation des bois en forêt publique ont été inférieurs de 1,3 milliards d'euros à ce qu'ils auraient été si les cours de 1999 avaient été maintenus.
Volume de bois commercialisés (miliers de m3)
La Fédération nationale des Communes forestières a engagé des actions de sensibilisation auprès des communes adhérentes pour promouvoir le regroupement de la gestion des forêts communales dans l'objectif de proposer aux acheteurs des lots de bois plus importants et plus attractifs.
En forêt communale, les prévisions de récolte des bois sont inscrites au document d'aménagement voté par le conseil municipal. Il revient ensuite à l'ONF d'établir l'état d'assiette et de proposer à la commune qui en décide les modalités de la vente à laquelle il sera procédé. La FNCOFOR soutient la proposition contenue dans le projet de loi d'avenir sur l'Agriculture, l'Agroalimentaire et la Forêt en discussion au Parlement qui vise à donner plus de force aux documents d'aménagement forestier.
La Fédération nationale des Communes forestières est à l'écoute des entreprises de la première transformation du bois que les communes forestières contribuent à approvisionner de manière significative.
Récemment, plusieurs scieurs de l'Est de la France se sont regroupés en marge de leur organisation professionnelle pour constituer un collectif.
L'organisation de la filière, encouragée par les pouvoirs publics, nécessite l'existence de fédérations représentatives, à l'amont comme à l'aval. La Fédération Nationale du Bois (FNB) est l'organisation représentative des entreprises de la première transformation du bois et c'est avec elle que la FNCOFOR poursuivra un dialogue qu'elle souhaite constructif.
A l'initiative de la Fédération nationale des Communes forestières et de l'ONF, une réunion s'est tenue le 5 mars 2014 entre les signataires du Protocole d'accord FNB-ONF-FNCOFOR pour la commercialisation des bois issus des forêts publiques, signé en mai 2012. Les conditions de sa mise en œuvre sur la commercialisation des bois ont été examinées ainsi que les évolutions à lui apporter pour participer ensemble à la consolidation de la filière forêt bois française.
A cette occasion, la Fédération nationale des Communes forestières a rappelé ses positions.
- Pour ce qui concerne les bois résineux, la Fédération nationale des Communes forestières est favorable à l'augmentation de la part des bois façonnés vendus sous contrats mais refuse de s'engager sur la négociation de contrats de vente de bois sur pied qui enlèveraient au propriétaire tout contrôle sur l'exploitation des bois vendus.
- La Fédération accueille favorablement le souhait des entreprises de sciage de hêtre d'augmenter la part des ventes sous la forme de contrats de bois façonnés.
- L'Office national des forêts et la Fédération nationale des Communes forestières procèderont à un examen précis de l'évolution des ventes sous contrats par essence et par région afin de mieux identifier les obstacles à un développement plus important de ce mode de commercialisation.
- La Fédération Nationale du Bois demande davantage de transparence dans la négociation et l'attribution des contrats. L'ONF et la FNCOFOR considèrent que la transparence des transactions commerciales existent actuellement mais elles examineront les propositions précises qui leur seront soumises sur ce point afin de renforcer la confiance qui doit présider aux relations entre vendeurs et acheteurs.
La FNB réaffirme son opposition au développement des contrats de chêne. Néanmoins, une expérimentation pourrait être conduite en Lorraine, sous réserve d'un accord à trouver avec les entreprises intéressées et sans que cela ne porte préjudice aux autres acheteurs traditionnels.
Des points d'ajustement peuvent être identifiés, des améliorations dans le processus de commercialisation des bois issus des forêts publiques peuvent certainement être apportées mais les revendications portées par un collectif de scieries paraissent très excessives.
Un avenant au Protocole sera proposé si nécessaire pour conforter la mobilisation de la forêt publique grâce à des outils innovants et placer les élus au cœur du dialogue en faveur d'une politique de filière équilibrée entre gestionnaires forestiers et industriels.