Lanceurs d'alerte pour toutes les forêts
En présentant leur Manifeste lors de leur Congrès national en juin, les Communes forestières ont lancé une alerte. Elles ont décidé d'agir pour sortir des impasses, d'abord face à la situation de l'Office national des forêts dont le modèle économique a vécu, ensuite face aux enjeux pour l'avenir : changement climatique, emploi dans les territoires, développement de la filière. Garants de l'intérêt général, les élus ont affirmé leur devoir et leur légitimité d'anticiper.
En parallèle, la mission interministérielle a rendu son rapport d'évaluation de l'ONF, un rapport honnête et transparent, qui pose des pistes d'évolution à discuter avec toutes les parties prenantes. Enfin, le rapport de la mission sénatoriale est venu appuyer ces réflexions et propositions en appelant à faire confiance aux territoires, dans une gouvernance renouvelée.
Qu'en est-il maintenant ? Les appels répétés auprès de l'Etat qui doit s'emparer du sujet forêt-bois sont restés sans réponse. Pourtant, pas de forêts françaises sans projet politique, pas de bois français sans projet économique.
De même, un processus législatif sera sans doute nécessaire pour prendre en compte certaines questions essentielles et complexes : définition du régime forestier, prise en compte de la biodiversité, risques naturels, etc.
Les Communes forestières ont lancé une autre alerte à l'issue du bureau national des élus réuni en urgence le 17 juillet. Dans toutes les régions, l'état des forêts est préoccupant et aucune essence n'est épargnée : sécheresse, attaques de parasites, maladies et incendies. Des solutions existent, les acteurs de la filière agissent ensemble pour répondre au plus urgent et une véritable solidarité s'est mise en place.
Fortement mobilisées, les Communes forestières accompagnent leurs élus, travaillent sur la commercialisation des bois à exploiter immédiatement, négocient des délais pour les entreprises, interviennent pour obtenir des dispositifs d'aides en régions, multiplient les formations sur les risques.
Au-delà, il ne s'agit plus d'épisodes ponctuels et imprévisibles, ces phénomènes vont perdurer.
Les forestiers le savent bien, qui s'engagent au quotidien, dans les territoires et qui ont choisi la fierté plutôt que la culpabilité pour contribuer eux aussi à sauver la planète.
Pour cela, il faut des décisions à la hauteur de la situation, sur le moyen et long terme. Des mesures d'ensemble sont aussi nécessaires, à une échelle nationale.
La Fédération nationale a saisi le Président de la République et le Premier ministre pour demander un Plan national en faveur des forêts. Elle a demandé que les politiques publiques de lutte contre le changement climatique intègrent véritablement la forêt et le bois. Ces démarches sont restées à ce jour sans réponse.
La chronologie est simple : soit un processus de travail et de discussion ouverte avec l'Etat se met en place pour prendre la mesure des situations dans les territoires et coordonner les actions en faveur de la filière ; soit les acteurs de la forêt et du bois vont devoir faire entendre leur voix plus fortement pour relever un défi collectif : Quelle sylviculture demain ?