Le rapport sénatorial « Feux de forêt et de végétation : prévenir l'embrasement »
Ce rapport a été écrit au nom de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable et de la commission des affaires économiques du Sénat. Il est le fruit d'un travail d'auditions initié dès le printemps, avec notamment, de nombreux élus de la Fédération nationale des Communes forestières (FNCOFOR). Il dresse le constat suivant : si l'efficacité de la stratégie française de lutte est un modèle en Europe et dans le monde, il ne lui suffira plus à faire face à l'augmentation du risque incendie et à l'émergence de feux « hors normes », liés au changement climatique.
Pour répondre à ce défi, le rapport formule 70 recommandations, regroupées en 8 axes :
- Anticiper : élaborer une stratégie nationale interministérielle articulant prévention et sécurité civile et prenant en compte l'évolution du risque
- Aménager le territoire : mieux réguler l'interface forêt/zones urbaines pour réduire les départs de feux et la vulnérabilité
- Gérer la forêt durablement : promouvoir la sylviculture face au risque incendie, premier des pare feux
- Aménager et valoriser la forêt au niveau du massif
- Mobiliser le monde agricole dans la prévention des incendies
- Sensibiliser les usagers via la communication et la répression
- Lutter : financer et équiper la lutte incendie à la hauteur du risque
- Reboiser : financer la reconstitution de forêts plus résilientes après l'incendie
La FNCOFOR salue ce travail complet et exigeant qui rappelle le rôle primordial des élus au plus proche du terrain.
Ce rapport met en évidence la volonté :
- de revenir sur les 500 suppressions de postes de l'ONF prévues d'ici à 2025 annoncé par l'Etat, pour rétablir des postes d'agents de la protection de la forêt partout sur le territoire et redéployer plus de personnels sur la défense des forêts contre l'incendie (DFCI) hors de cette zone - Sujet d'un communiqué de presse FNCOFOR-AMRF du 20 juillet 2022 (consulter ce communiqué de presse : La nécessité du renforcement des services publics forestiers pour des forêts en péril)
- d'adapter les modalités de mise en oeuvre du débroussaillement (trop peu appliquées avec un taux de réalisation souvent inférieur à 30 %) selon la nature du risque et la réalité des territoires,
- d'intégrer aux objectifs des chartes forestières de territoire ou des plans de massifs, la prévention du risque incendie, afin de faire de la structuration de filières en circuits courts un atout dans la connaissance et la gestion des massifs,
- d'instaurer un droit de préemption des parcelles de forêt sans document de gestion durable et présentant un enjeu au regard de la défense des forêts contre l'incendie, au profit des communes s'engageant à intégrer la parcelle au régime forestier.
Les sénateurs plaident pour un doublement des moyens publics et privés alloués à la prévention.
Les moyens de lutte sont aussi à accroître : renforcement et déploiement des moyens aériens (avions et hélicoptères), accroissement du soutien de l'État aux services départementaux d'intervention et de secours (SDIS), augmentation du nombre de sapeurs-pompiers volontaires...
La « guerre contre le feu » ne sera donc gagnée qu'au prix d'un effort impliquant toutes les politiques publiques et faisant une plus large part à la prévention.
Lire le rapport
Téléchargez la synthèse
France Inter - Prévention des feux de forêts : Est-on mieux préparé ? - 27 avril 2023
Réécoutez l'intervention d'Anne-Catherine Loisier, Sénatrice de la Côte-d'Or, co-auteure du rapport d'information sénatorial “Feux de forêt et de végétation : prévenir l'embrasement" et présidente des Communes forestières de la Côte-d'Or.