Politique industrielle de la France : une avancée à saluer mais un projet de filière à revoir
Une politique plus solide sur deux jambes
Cette annonce correspond précisément aux positions que défend de longue date la Fédération nationale des Communes forestières pour répondre aux nouveaux défis et aux enjeux de la filière, notamment sur des objectifs prioritaires :
- l'institution d'un fonds stratégique durable sur des bases équitables de financement, d'attributions et de gouvernance,
- la création d'une seule interprofession mobilisée pour un véritable projet de filière.
- un équilibre entre le secteur industriel et les politiques territoriales, « deux jambes solides » associant l'Europe, l'Etat, les collectivités, les entreprises et la société civile, le massif interrégional pouvant être un échelon à la fois novateur et adapté.
Chacun à sa place
En effet, le tout industriel ne peut suffire. Une politique forestière d'avenir doit s'équilibrer entre approche industrielle et approche territoriale, toutes deux parfaitement complémentaires. Les élus locaux ont démontré leur capacité à mettre en oeuvre des politiques forestières territoriales prenant en compte les trois piliers de la gestion durable : économique, social et environnemental, porteurs de développement.
Leur rôle de propriétaires de forêts, d'aménageurs du territoire et de prescripteurs publics doit être reconnu, notamment dans la future loi d'avenir qui devrait compléter le volet qui vient d'être annoncé. Pour cela, l'interprofession France Bois Forêts, créée en 2005, doit représenter tous les acteurs de la filière.
Un constat inacceptable
Or, depuis plusieurs mois, la Fédération nationale des Communes forestières dénonce fermement l'attitude des représentants des organisations de l'aval forestier. En se positionnant comme une deuxième interprofession et en reléguant France Bois Forêt à la seule représentation de l'amont, ces organismes ont pris les rênes d'une politique du tout industriel présentée au Gouvernement et aux différents ministères concernés. La concrétisation de ce climat d'affaiblissement a été la création d'un comité de liaison, coordonné par l'association FBIE (France Bois Industrie Entreprises) et conduit par un cabinet de communication et de lobbying institutionnel, qui a décidé des choix stratégiques de la filière et du plan d'action final présenté au Gouvernement.
Une gouvernance détournée
Ce qui pouvait apparaître au départ comme une volonté de regroupement amont-aval se traduit clairement par un affaiblissement de France Bois Forêt dans sa représentation interprofessionnelle, isole l'amont de la filière forêt et permet une sur-représentation de l'industrie et de ses intérêts. Cela renvoie aux calendes grecques le projet d'intégration souhaitable d'une seule interprofession forêt bois française.
Tout aussi préoccupant, le projet de fonds stratégique tel qu'il est défini aujourd'hui par ceux-là même qui ont contribué à la disparition du Fonds Forestier National (FFN) avec les conséquences très sérieuses pour la filière que l'on connait, positionne l'aval en tant que concepteurs et bénéficiaires de ce fonds sans en être contributeurs, tout en leur assurant la gouvernance de ses crédits. En effet, le comité stratégique rattaché au CNI piloté par l'aval décidera du contrat national de filière et de la gestion du fonds stratégique.
Les élus locaux, indispensables animateurs du développement
Que sont devenus les objectifs de plus d'emplois et d'investissements, d'une nouvelle interprofession dynamique et mieux gérée, en remplacement du comité de gestion du FFN, alors que dans le même temps, la situation de notre filière ne s'est pas améliorée, laissant nos concurrents européens puissamment présents sur tous nos marchés et notre filière face à un déficit commercial sans précédent ?
Les Communes forestières ont démontré leur capacité à proposer et à agir pour la structuration de toute la filière forêt-bois. Leurs initiatives-pilotes, aujourd'hui largement reconnues, ont démontré leur efficacité en faveur du développement des politiques territoriales et de la relance du secteur économique de la filière forêt bois. Elles continueront à se mobiliser, notamment lors de la prochaine étape attendue de la discussion de la loi d'avenir, mais elles s'interrogent sur les conséquences d'un texte législatif qui, loin de reprendre leurs propositions, ne ferait que reproduire les erreurs passées.