Les Régions prennent en main la question forestière
Le 16 mars, à l'initiative de la Fédération nationale des Communes forestières et de son président Dominique Jarlier, les élus du bureau ont rencontré les élus des nouvelles régions en charge de la forêt et du bois ou représentant leur président. Cette matinée de travail au Sénat a permis de mieux faire connaître les missions et actions des Communes forestières, l'importance de la forêt publique, les enjeux de la politique forestière nationale et les grands défis à relever pour la filière forêt-bois. Autant de sujets qui devront être pris en main par les régions dans le prolongement des grandes orientations nationales et des initiatives déjà engagées.
Accueillis au Sénat par Anne-Catherine Loisier, sénatrice de côte d'Or et membre du bureau de la Fédération nationale des Communes forestières, une douzaine de conseillers régionaux étaient présents : Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire, Ile-de-France, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Normandie, Provence-Alpes-Côte d'Azur. En présence des représentants du ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, de la Déléguée interministérielle pour la forêt et le bois, de la chargée de mission auprès du Délégué à l'Action extérieure des Collectivités Territoriales au ministère des Affaires étrangères et du Développement Territorial, du président du conseil d'administration de l'Office national des Forêts, de sénateurs membres des groupes d'études de la filière forêt-bois et des élus du bureau de la Fédération nationale des Communes forestières.
Cette rencontre était une première. Une prise de contact nécessaire avec un message est clair : les régions ont, dès maintenant, un rôle important à jouer pour le développement de la filière forêt-bois dans les territoires. Fédérant plus de 6 000 collectivités, le Fédération nationale des Communes forestières a souhaité associer, le plus en amont possible, ces nouveaux acteurs dont les domaines de compétences se sont accrus, notamment dans le domaine du développement économique.
Le président Dominique Jarlier a présenté les principales missions et valeurs de la Fédération nationale des Communes forestières : la préservation et la mise en valeur du patrimoine forestier des communes dans une perspective de gestion durable et multifonctionnelle ; la place de la forêt dans le développement économique des territoires ; l'engagement pour une politique forestière nationale volontariste ; le rôle des élus au service de l'intérêt général. "Nous souhaitons échanger avec vous sur les actions conduites ou envisagées par vos régions. Notre objectif est de vous aider à réussir et de vous aider à porter au niveau qu'il convient les initiatives économiques, sociales, environnementales s'appuyant sur la richesse et la diversité de nos forêts."
Véronique Borzeix, sous-directrice de la forêt et du bois au ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt a présenté le Programme national de la forêt et du Bois. Accepté le 8 mars 2016 par le Conseil supérieur de la Forêt et du Bois présidé par Stéphane Le Foll, ministre en charge de la Forêt, ce programme définit les grandes orientations de la politique forestière pour les dix prochaines années. Ce plan national devra être mis en oeuvre en région avec l'écriture de Programmes Régionaux de la Forêt et du Bois dans le cadre des Commissions Régionales de la Forêt et du Bois, co-présidées par les Conseils Régionaux et les préfets. Pour répondre aux objectifs de mobilisation supplémentaire des bois, les élus ont souligné les progrès à faire en termes d'accessibilité aux massifs (travaux de voirie, desserte, cartographie) et d'acceptabilité sociale des coupes, c'est-à-dire améliorer la perception des citoyens par rapport à la coupe des arbres. La sous-directrice a rappelé aux représentants régionaux : "C'est à vous de dire ce qui est possible en région. [...] S'il n'y a pas de déclinaison, d'adaptation, nous aurons travaillé un an pour rien. Tout reste à faire avec les Programmes Régionaux de la Forêt et du Bois [...] Nous comptons sur vous".
Jean-Yves Caullet a ensuite évoqué le rôle de l'Office national des Forêts et le lien entre ses missions de gestionnaire des forêts publiques et les Régions : "En ce qui concerne la forêt publique, pour les néophytes, ce n'est pas parce que nous sommes un office national que nous avons en main toutes les cartes de la forêt française. La forêt publique, c'est 25 % de la forêt. [...] un quart des 30 % du territoire national ce n'est pas rien, 9 000 personnes sur le terrain c'est quelque chose mais ce n'est pas tout. Je pense que les politiques régionales sont le creuset assez bien trouvé pour que les politiques de la forêt publiques qui réunissent les communes et l'Etat d'un côté et les politiques forêt-bois menées par les régions avec la propriété forestière, les coopératives notamment, trouvent leur plein élan." Il a également évoqué la récente signature du Contrat d'objectifs et de performance Etat-ONF-FNCOFOR 2016-2020.
Sylvie Alexandre, déléguée interministérielle pour la forêt et le bois a partagé l'opinion émise par tous les intervenants : "rien ne peut se faire sans les acteurs territoriaux".Elle a présenté la filière forêt-bois française et ses défis ainsi que le Contrat stratégique de filière dont le contenu devra là aussi être approprié par les régions.
Cette matinée a aussi permis de présenter l'ensemble des programmes démonstratifs de la Fédération et les actions de terrain menées par le réseau des associations de Communes forestières, c'est-à-dire les politiques forestières territoriales : les chartes forestières de territoire, les plans d'approvisionnement territorial, les programmes en faveur du bois construction et du bois énergie et plus largement, l'accompagnement des élus concernés par la forêt pour la valorisation de la ressource bois et la place de la forêt dans le développement local.
Les conseillers régionaux ont souligné la nécessité d'une forte coordination et mise en cohérence des politiques régionales de la forêt et du bois dans les processus de fusion. Plusieurs l'ont également rappelé : conscientes de leurs rôles à jouer en matière de développement économique, les Régions soutiennent toutes les initiatives en faveur de l'emploi, du soutien aux petites et moyennes entreprises, de la valorisation des ressources locales. Le nouveau découpage des régions est parfois une opportunité pour décloisonner certaines politiques publiques tout en prenant en compte les spécificités des massifs forestiers. L'adaptation des forêts au changement climatique a enfin été évoquée comme un sujet majeur pour l'avenir.
Le sénateur Philippe Leroy, président du groupe forêt au Sénat a souligné la qualité des échanges et la nécessité de ne jamais quitter le terrain. Il a lancé un appel pour le reboisement : "Pour mobiliser plus, il faut reboiser. Depuis 10 ans, nous ne le faisons plus en France[...] Dans chaque région, plantez-nous quelques millions de plants".
Elodie Lematte, conseillère forêt-bois et budget au cabinet de Stéphane Le Foll et représentant le ministre a conclu les travaux. "Le moment est opportun et important", a-t-elle souligné. Le partenariat avec les Régions est essentiel pour déployer la dimension économique de la politique forêt-bois; pour prendre en compte les enjeux territoriaux et locaux et développer les partenariats Etat-Régions-Communes forestières, notamment financiers ; pour mieux communiquer auprès des populations sur la filière forestière.
Dominique Jarlier, président de la Fédération nationale des Communes forestières a remercié l'ensemble des élus présents et a appelé chacun à prendre en main la question forestière en s'appuyant sur l'expertise et les connaissances éprouvées des Communes forestières en matière de politiques forestières territoriales. "La Fédération nationale des Communes forestières est disponible pour que les choses aillent vite." Il a appelé à une nouvelle rencontre dans un an, une initiative soutenue par l'ensemble des acteurs présents.
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