Ventes de grumes de chêne : pas d'exportation avant valorisation dans les territoires
Les entreprises et industries de la transformation du bois représentées par la Fédération Nationale du Bois (FNB) ont interpellé les pouvoirs publics sur la situation de crise grave concernant l'exportation croissante de chêne brut.
Une conjoncture aggravée
Si cette situation n'est pas nouvelle, elle s'est dégradée ces dernières années. En 10 ans, la récolte de chêne brut en France a baissé de 17%. Les volumes de chêne transformés dans les scieries françaises ont augmenté de 10,5%. Mais dans le même temps, la demande mondiale n'a jamais été aussi forte et les volumes de chêne brut disponibles pour les scieries françaises ont été divisés par près de deux. En effet, les exportations de chêne ont été multipliés par 10 en 10 ans, notamment vers la Chine et les prix ont augmenté de 65%.
Les entreprises sont à la fois privées de matières premières à transformer, de valeur ajoutée tout au long de la chaîne et de stabilisation de leurs emplois. Ce dossier concerne toute la filière, d'autant plus que d'autres essences pourraient être concernées par cette problématique, avec le risque de voir disparaitre des pans entiers de nos secteurs économiques.
Le label UE, source de valorisation territoriale
La mise en place en 2015 d'une mesure de sécurisation de l'approvisionnement des scieries : le label « Transformation UE », donne priorité des ventes de lots de chêne qualité sciage aux entreprises qui garantissent une première transformation en Europe. La forêt publique commercialise 800.000 m³ sous ce label et les effets sont positifs : hausse des prix, exportation de produits à valeur ajoutée, préservation de l'emploi. 300 entreprises sont engagées dans ce label UE. La Fédération nationale des Communes forestières a soutenu cette initiative. Elle a aussi adhéré à l'Association pour l'emploi des chênes et des feuillus (APECF) qui propose aux acheteurs, sur la base du volontariat, de souscrire à ce label. Mais voilà un des points cruciaux : cette démarche est volontaire.
Des mesures pour la sauvegarde de la filière
Les Communes forestières partagent cet objectif de conserver dans l'Union européenne et, si possible sur le territoire national, les emplois liés à la première transformation du chêne, de développer la part de la valeur ajoutée des entreprises et les recettes fiscales générées par cette activité. L'enjeu est aussi la reconquête d'un marché intérieur avec des produits innovants et performants. Il n'empêche pas pour autant de prendre des parts de marché à l'export mais avec des produits à forte valeur ajoutée.
La FNB a demandé au Gouvernement des mesures d'urgence telles que l'adhésion générale au Label UE, la mise en place de quotas d'exportation, une traçabilité phytosanitaire fiable, le conditionnement des aides économiques, une reconnaissance officielle des producteurs de bois contractualisé et la mise en place d'un médiateur des relations commerciales. D'autres mesures structurelles à horizon de 10 ans ont été également proposées pour le développement d'une industrie du bois française respectueuse de l'environnement. Certaines de ces mesures sont d'ailleurs déjà mises en place dans plusieurs pays d'Europe et dans le monde.